La lectio divina
Sagesse, vivance et méditation forment la trame de ces textes, qui nous entraînent au cœur de nous-même. Il s’agit d’inspirations où l’on peut sentir à la fois la richesse du silence et l’amour mystique.
L’ambiance du Sage recueilli y est présente et parfois il semble que la petite voix intérieure résonne dans le cœur-même du lecteur.
Ce livre éveille chacun à ses profondeurs sacrées. C’est la voie du Pathana yoga.
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" Le véritable voyage spirituel « est à réaliser en soi-même. Il commence par l'apprentissage de l'écoute du cœur.
Ecoute qui est bien loin d'être celle du mental bavard et egocentré de l'homme immature.
Comment connaître l'essence des choses ? La vie enseigne, même et souvent à son insu, celui qui sait reconnaître qu'il « ne sait pas ». Celui qui croit savoir ne sait plus écouter. La voie du cœur est un dépouillement. Ce vide crée comme un appel d'air. Et, à cette aspiration du cœur répond une impulsion souvent inattendue, surprenante, qui n'a rien à voir très souvent avec ce qui nous est connu, familier. C'est « déroutant » ! Combien de fois ne faut-il pas accepter de changer de route, de mourir à soi-même ?
L'ouverture du cœur est le passage inévitable vers lequel avance tout être humain sur la voie, quelle que soit la tradition à laquelle il se réfère. […]
Dans le silence de la méditation une évidence surgit : la vérité a toujours été présente sous nos yeux. Nous n'avons rien à acquérir pour la voir car rien ne nous a jamais manqué. Si nous en sommes incapables c'est à cause de notre incessante avidité qui masque la pureté du regard.
Nous passons notre temps à supposer, comparer, commenter, expliquer, justifier et citer ce que nos petits esprits ont retenu des Écritures. Et nous négligeons la vie réelle, préférant des modèles et des autorités convenues.
La réalité du présent est effacée par une pensée qui s'illusionne d'elle-même. La sensation vivante de la vie est occultée par un mental agité comme un singe fou. Dans ces conditions comment espérer percevoir l'essence originelle dans son instantanéité ? Il n'y a pas d'autre issue que de se remettre à l'écoute. Là est le grand secret ! »
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"Pour un cœur aspirant au divin, la lecture et la méditation sont des pratiques contemplatives distinctes, mais qui s’associent naturellement.
La lecture d’écrits sacrés stoppe l’agitation du mental, elle invite à la réflexion contemplative qui devient alors préparation à la méditation.
Il faut savoir lire lentement, vivre des pauses.
Car la lecture n'est pas en soi un objectif. Elle est un commencement, elle introduit en quelque sorte à un état méditatif et contemplatif.
D'autre part, la méditation ne se conçoit pas sans l'appui des écritures. Même l'ermite dans sa grotte ou sa cabane a un livre, un livre qui va interpeller sa conscience et nourrir son esprit, mais aussi un livre qui va agir comme un maître spirituel et venir réchauffer son cœur.
Dans la tradition chrétienne, comme dans la tradition rabbinique, hindouiste ou bouddhiste, on étudie, on réfléchit, on s'imprègne des écrits de livres sacrés.
La méditation s'appuie sur des textes reconnus comme écrits de sagesse ou paroles divines.
Le livre sacré est porteur d'une expérience humaine, ou d'une sagesse reçue, voire révélée. Il conduit à l’ouverture, au dépassement de soi, à l’intériorisation.
La lecture méditative est ainsi un exercice spirituel universel qui a accompagné tous les mystiques.
J'ai vu des yogis, assis bien droit sur un bout de tissu, passer des journées entières avec un petit livre sacré (la Bhagavad Gita) dans les mains, à réciter ou à « psalmodier » les versets, à l'ombre d'un banian.
J'ai vu des moines chrétiens, concentrés, immobiles, intensément recueillis devant leur Bible, dans le silence vibrant de paix d'un scriptorium."
Patrick Vigneau, « Méditation du Cœur, Le Pathana-Yoga ou la Lectio divina ».