Réalisation spirituelle
ÉVEIL et RÉALISATION
Il est souvent confondu Illumination, Eveil et Réalisation.
L'illumination peut survenir à tout moment, quelques secondes ou quelques heures, puis ne rester qu'un souvenir; une illumination n'est qu'un phénomène provisoire.
L'Eveil est plus profond, il est lié à l'être, l'espace du Coeur, l'Atma, le Soi.
L'Eveil marque une transformation radicale, mais n'est pas une fin!
Car l'Eveil doit se convertir en Réalisation. Et la Réalisation conduit à la plénitude du Silence. Car seule prévaut alors est la Paix, la Liberté, la Connaissance. La Réalisation correspond au plan du Purushotama, Dieu personnel et impersonnel.
La Réalisation est un état où seul Dieu est, en ses multiples formes.
Une personne qui vit l'Eveil se laisse absorber par cette découverte. Mais l'Eveil ne fait pas disparaitre les mémoires (vasanas), qui sont très puissantes, elles ressurgissent. C'est pourquoi l'Eveil n'est pas un aboutissement, un travail complémentaire doit être accompli jusqu'à ce que cet "état" se stabilise. Alors ce sera la Réalisation.
Ramana Maharshi disait que l'Eveil, la connaissance de l'Atma, peut mettre du temps avant de se stabiliser.
Une illumination nous fait percevoir une autre réalité, plus lumineuse, et laisse une nostalgie après. L'éveil nous conduit à voir que la vie de l'état de veille est un rêve. Mais l'ego travestit en quelque sorte l'expérience pour la récupérer à son profit. Il se pose alors comme le témoin de cet éveil. L'ego va s'emparer de cette expérience et de dire, 'je' suis éveillé, 'je' suis réalisé, ce qui est un non-sens total. sans la présence vivante d'un ami spirituel éclairé, l'ego ne lachera pas prise avec son aveuglement d'autant plus qu'il tirera de nombreux profits de cette expérience.
Soyons clair, "je" ne peut être éveillé puisque justement l'Eveil est la disparition de "je". Et "je" ne disparait pas totalement tant que le corps est vivant. Cependant, se soumettant à la Vérité (satya), il demeure silencieux, dans une paix joyeuse et pleine.
Témoignage de Priyananda
Un jour arriva un événement qui me déstabilisa de façon intense. Cela me surprit d’être autant bousculé. Après ce grand trouble, il y eut une sorte de révolte intérieure. Un questionnement vital m’habitait. Maa n’était plus là, il fallait que j’aille chercher au fond de moi ! Je décidais de plonger dans une intense retraite méditative. Je me souvenais de Ramakrishna qui disait que si l’on aspirait à Dieu pendant trois jours, avec la même intensité que l’on aspire à respirer quand on nous maintient la tête sous l’eau, on réaliserait Dieu assurément. Et j’avais l’image du Bouddha qui décide de s’assoir sous l’arbre pour méditer jusqu’à ce qu’il atteigne l’Eveil. Sans hésiter, j’étais avide d’une réponse, je décidais de passer cinq jours en méditation intense pour savoir. Je sentais l’aspiration intense en moi, je me donnais deux jours de plus que ce que Ramakrishna « préconisait ».
J’avais besoin de savoir, et c’était intense. J’avais besoin de voir, de toucher la réalité divine. Je me suis organisé pour ces jours de retraite méditative. J’avais déjà une expérience des retraites en silence et solitude. Mais là aucune distraction, aucune lecture !
Le premier jour se passa assez joyeusement. Le deuxième vit des tensions se révéler mais la foi m’habitait et je dormis assez peu, comme si la conscience demeurait dans une vigilance tranquille. La troisième journée fut délicate, je dus faire des efforts pour demeurer tranquille. Le corps voulait bouger, le mental partait par moment dans tous les sens. Le soir, je fus pris par un ras-le-bol extrême. Une tension intense se manifesta en moi. J’avais envie de tout arrêter. A quoi bon s’imposer cela : demeurer assis, en tailleur, à genoux, sur une chaise, en tailleur, à genoux, sur la chaise… de 5 h du matin à 11h du soir. Quelques fruits secs pour la petite pause repas. Toute la nuit la tension fut extrême entre arrêter et continuer. Puis quelque chose apparut à ma conscience, quelque chose d’essentiel. Une décision s’imposa en moi : je continuais, mais différemment !
Et durant la matinée cela advint, ce que je cherchais, sans le savoir, depuis des années survint. Une conscience Une, joyeuse et éternelle se révéla tout à coup. C’est arrivé sublimement. C’était merveilleux, cela se révéla aux yeux aux oreilles, au coeur : derrière tous les phénomènes de notre monde existe un autre plan de conscience qui est hors du temps. Le plus surprenant si je peux dire, c’est que Cela apparut comme quelque chose de déjà connu, mais qui avait été simplement oublié. Ce plan de conscience n’était pas nouveau, je le retrouvais, il m’était familier, « je » venais de là, c’était mon Origine. C’est seulement l’enfermement dans la coquille égotique qui l’avait fait oublier à la conscience personnalisée. Beaucoup de choses revinrent instantanément à la conscience. Car c’était déjà dans la conscience, ça avait toujours été là, mais caché, voilé…
Cette expérience était totalement différente de toutes les illuminations que j’avais pu connaitre auparavant. Il y avait eu, en effet, au cours de ma sadhana diverses illuminations, la découverte d’autres états de conscience, d’autres réalités. Les perceptions extrasensorielles, les mémoires akhashiques, l’astral, les samadhi énergétiques, tout cela était beau, fabuleux, mais cela laissait ensuite une sorte de nostalgie, de dissociation par rapport au monde matériel dense et duel. Et Maa me disait catégoriquement à chaque fois que je lui racontais mes expériences que cela n’était pas du tout important.
Là c’était complétement différent. C’était radicalement différent. Le moi n’était plus. Mais ça ne produisait aucune peur, ni insatisfaction, au contraire c’était sublimement joyeux, et plein. Ordinairement il y a une sorte de peur de la disparition du moi. Mais en fait ce qui apparut était si beau et lumineux. Ce monde était empli de lumière et de joie vibrante (Ananda). Ne plus être enfermé dans un moi, c’est être tout.
Puis, il y eut comme un « choix », même si ce n’est pas tout à fait cela. Il y avait une sorte de fil qui retenait une mince mémoire du moi, dans un vaste champ de pure conscience lumineuse. Ce fil pouvait se rompre et toute mémoire du corps disparaitre ou ce fil pouvait permettre un « retour » dans le corps matériel. Il y eut le retour. Cela se fit je crois avec une infime vibration d’appel de la matière.
La joie lumineuse demeura présente plusieurs jours. Au début il fut extrêmement difficile d’accomplir les activités matérielles. Le corps ne sentait plus de faim, il n’était pas possible de conduire une voiture. Aucune sensation de sommeil. Je donnais l’impression de « marcher sur l’eau » me dit une personne qui me vit dans les jours suivants. C’est aussi ce que je ressentais : une extraordinaire légèreté physique.
Il y eut des transformations dans la psyché et dans le corps, je m’en rendis compte rapidement. Mais la personnalité n’avait en fait pas changé, si ce n’est qu’un amour inconditionnel accompagnait mon regard. J’avais envie de dire aux gens de se réveiller, de ne pas être triste, car je les voyais, réellement avec les yeux du corps, tous enfermés dans une densité égotique, mais je savais qu’ils ne pouvaient pas comprendre… pour le moment !
Depuis ce jour je n’ai plus ressenti de manque. La quête a cessé, mais pas le chemin. Une autre étape de vie a commencé. D'abord dans le secret du cœur, puis maintenant dans une ouverture au monde. Car j'ai hésité longtemps à témoigner de ce qui avait été vécu.