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Shankara

2 Janvier 2021, 22:05pm

Publié par Patrick

 

L'histoire de Shankara, tout comme celle de Krishna, de Bouddha, de Jésus ou de Jhambo, est en partie basée sur la légende, même si certains éléments historiques sont disponibles.

Shankara naquit au Kerala, au 8ème siècle de notre ère. Jeune enfant, l'histoire nous dit que ses deux camarades de jeu se prénommaient "sagesse" et "mort"

Durant sa vie, il voyagea dans toute l'Inde, visitant les grands temples et les lieux de pèlerinage, enseignant la voie de l’Advaita Vedanta ( non-dualisme). Sa sagesse spirituelle attira de nombreux disciples qui continuèrent son œuvre jusqu'à aujourd'hui encore.

 

Avec son rayonnement spirituel, Shankara voulut entraîner les masses : or cela ne pouvait se faire que par une approche dévotionnelle. En effet il fallait ramener les dévots au sein de la vision non dualiste. Seule cette source commune de tous les cultes pouvait rétablir l'harmonie entre eux. Seule la compréhension fondamentale pouvait montrer qu'une Vérité Unique sous-tendait toutes les formes divines.

Il composa alors des hymnes dévotionnels  en l'honneur des différentes divinités, et surtout de la Mère divine, qui, au-delà de la forme adorée, s'adressent au Brahman Suprême. Ces hymnes sont très populaires en Inde encore aujourd'hui.

Shankara entreprit par cela une œuvre de réformateur : l'hindouisme s'étant entaché de nombreuses pratiques, il voulut rétablir le sens du rituel, qui doit être avant tout intérieur. Les offrandes ne sont que le symbole du sacrifice de l'âme. Il codifia également les cultes divers afin de leur apporter une certaine unité de sens transcendantal.

Shankara est devenu la référence en matière de philosophie non-duelle. On a  fait de Shankara le réformateur de l'hindouisme, le créateur de monastères et d'ordres monastiques advaitique, et le père du neo-advaita.

Au vu des écrits dont nous sommes sûrs, tout cela apparaît comme une erreur : rien dans ses textes ne vient le corroborer mais les Hindous y sont très attachés: c'est  la légende dorée qu'ils révèrent. Comme beaucoup d'œuvres sanskrites du premier millénaire, l'anonymat est de règle et rien ne prouve que la rédaction des grands commentaires de Shankara ne soit pas diverse. Car tout en étant non-dualiste des textes dévotionnels sont aussi attribués à Shankara. Pendant le 20 ème siècle , en occident, l'importance accordée à la vision non-duelle a contribué à faire de Shankara une personne et un auteur qui fut à l'origine de l'Advaita; ce qui pour les historien apparait comme un mythe. Cela étant, il demeure que les écrits qui lui sont attribués ( commentaires des Upaniṣhads, de la Bhagavad-Gita, des Brahmasutras et l'Upadeshwhasri...) sont l'un des sommets de la pensée sanskrite. Et qui que fut, en vérité, Shankara, il apparait comme un très grand maitre de l'Inde, comme le furent Bouddha,  Mahavira, Nanak et Ramakrishna.

"Brahman est le seul réel, l’univers visible est apparence illusoire des sens  (mithya). L'individu (jîva) n’est pas différent du Brahman. Ceci doit être compris comme la juste Vérité du Vedanta".

***

La façon dont Shankara quitta ce monde est entourée de mystère. Selon la légende, il disparut un jour dans l'Himalaya à l'age de 32 ou 33 ans.

Shankara avait une mission à laquelle il consacra sa vie : guider les hommes sur le chemin de la Connaissance. Pour cela, il fut à la fois écrivain, enseignant et réformateur religieux

Shankara écrivain et commentateur des textes

Shankara écrivit des commentaires sur les dix principales Upanishad, sur les Brahma Sûtra et la Bhagavad Gîtâ, qui restent encore inégalés aujourd'hui. Avec une logique implacable, il y reprend un par un les arguments des écoles (en particulier bouddhistes) qui réfutaient l'existence de l’âtman (la Conscience pure, le Soi), et affirme que cette réalité suprême ne peut être connue que par l'expérience intuitive.

Dans ses écrits, Shankara non seulement délivre avec logique et profondeur la vision de la Non-dualité, mais il donne des instructions détaillées sur la discipline spirituelle. Il expose les pratiques permettant de préparer l'esprit à l'accomplissement spirituel - l'Eveil - qui n'est pas un résultat à obtenir, mais un état éternellement présent à révéler.

Dans son commentaire des Brahma Sûtra, il s'en prend aussi aux tenants du Mimâmsâ, qui n'accordaient d'importance qu'à la portion ritualiste des Veda, et considéraient les Upanishad comme secondaires. 

Il composa des textes  où il explique avec une grande clarté et beaucoup de poésie la vision de l’Advaita : Tattva Bodha, Âtma Bodha, Vivekacûdâmani, Bhaja Govindam…

Sa prodigieuse connaissance des Écritures et son rayonnement spirituel attiraient autour de lui des auditoires toujours plus nombreux : aux dévots de Shiva, de Vishnu, de la Devî, aux érudits, aux prêtres, il parlait de l’Être Unique, révélé sous de multiples formes.

Sankara a également souligné la nécessité et le rôle du Guru (Acharya, enseignant) pour une telle connaissance. 

 
"Brahman est réel, l’univers est une apparence illusoire (mithya), l’individu (jîva) n’est pas different du Brahman. Ceci doit être compris comme la declaration scirupturale juste. C’est ce que proclame le Vedânta".

 

Bhaja Govindam, verset 4

"La goutte d'eau vacillant sur le pétale de lotus a une existence extrêmement incertaine. La vie est aussi incertaine. Comprends à quel point ce monde est dévoré parla maladie et la vanité et entaché de souffrances".

 

Vivekacudâmani

“Cette Réalité Unique, qui apparaît de façon variée du fait de l’illusion - bien qu’Elle-même soit toujours inchangée - et qui assume des noms et des formes, des attributs et des changements, comme l’or à travers toutes ses modifications - ce Brahman tu es. Médite cela en ton esprit”

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"Celui qui ressent une profonde dévotion pour les Ecritures (Shruti), qui est établi dans son Svadharma (devoir personnel) - car cela seulement peut contribuer à purifier le mental - et qui possède un mental pur, réalise le Soi suprême. Seule cette connaissance permet de détruire le samsâra (cycle des naissances et des morts), racine et branche".

 

"La libération vient d’abord d’un extrême détachement à l’égard des objets limités, source de satisfaction sensuelle. Puis viennent ensuite le calme, la maîtrise de soi, la patience (l’endurance),et un complet renoncement aux actions égoïstes."

"Ensuite, viennent “l’écoute” (de l’enseignement), la réflexion sur ce qui a été entendu et enfin, la contemplation longue, constante et continue sur la Vérité, pour l’adepte qui pratique cette méditation (muni). Finalement, cet être avisé atteint l’état suprême de “nirvikalpa” et réalise la béatitude du “nirvana” dans cette vie même."

"Je suis Cela, la Conscience unique, qui est le Soi illuminant les modifications de mon mental."

"Reste avec moi, Mère ! Je ne demande que la grâce de ta présence. Oh oui, je te le demande. Reste avec moi ! C’est toi seule que je cherche, ton Amour, ta Grâce, ta Vision parce que je t’aime, et n'aspire à rien d’autre que ton Darshan."

 

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